Julien Courbet invente l'arnaque
footballistique !
(ou : la véritable
histoire de Claude Cauvy)
Message
posté sur le forum officiel des Chamois Niortais le 11 mai 2005.
Le fil de discussion qui en a découlé est disponible ici
Mes chers confootballotes,
en ces temps de misère résultatoires et de
relégationnage, laissez moi
vous divertir en vous contant une histoire étrange (et qui
aurait
peut-être plus sa place "Chez Marcel" mais bon apres tout, mon
histoire
parle de foot, et puis je sais bien que le public - moi le
premier -
est d'abord présent sur ce salon).
Il y a de ça quelques années, j'étais
invité chez un ami d'un ami d'un
ami... (enfin vous savez ce que c'est..) pour une petite soirée
sans
prétention. A l'époque je crois qu'on était
début 1999. A l'époque
j'avais déjà découvert les jeux de management de
foot ("L'Entraîneur 3"
venait de sortir !) et comme beaucoup d'entre nous ce jeu m'avait
perverti au point que j'étais toujours à l'affût du
transfert insolite,
du contrat impossible, bref de la minuscule brève ou du nom
connu dans
un compte rendu de match de 4e division du Bade-Würtemberg en
Allemagne, que je m'empressais alors de retranscrire dans mon
éditeur
de données afin de faire de ma base de données des
joueurs un bijou de
précision transferophile.
Et la vous vous dites : "Où est-ce qu'il veut en venir, et que
vient
faire le disponibilisateur de temps de cerveau pourfendeur de la veuve
et de l'orphelin ruinés par le démarcheur de
monte-escaliers Julien
Courbet la dedans ? Hein ? Encore une histoire pour embêter
Saint-Hinschberger le pieux ? Ou pour se gausser du bon Daniel Cousin
(le pieu aussi mais en rapport avec son style de jeu cette fois) ?" Et
la je vous réponds : patience, patience, tout vient à
point à qui
ménage sa monture.
J'en reviens à mes moutons : chez mon hôte de
circonstance, donc, je
tombe par hasard (aux toilettes, mais je vous passe les détails,
vu que
depuis le début je me force à aller au plus direct -
comme vous avez pu
le constater) sur une revue de qualité : "Onze mondial". Je la
feuillette machinalement, et brusquement mon cerveau de maniaque tombe
en arrêt devant un article narrant la formidable
épopée d'un joueur de
foot français, à l'époque joueur en Islande (!) et
qui avait déjà joué
dans de nombreux clubs et championnats à travers le monde. Je
n'avais
jamais entendu parler de ce joueur ni de cette histoire, et
malheureusement à l'issue de la soirée (je vous en passe
les détails
aussi) tout ce que j'avais retenu de l'article était, en plus du
maigre
résumé que je viens de vous en faire, une photo où
on le voyait
arborant fièrement son maillot rouge et blanc du club de son
coeur de
cette année la (islandais, si vous m'avez bien suivi)
Par la suite, incapable de me souvenir du nom de ce joueur qui aurait
été le joyau de ma base de donnée, incapable de
remettre la main sur ce
foutu numéro de Onze Mondial, ma vie ne fut qu'enfer, horreur et
putréfaction.
Jusqu'à... ce soir ! Eh oui, TF1 dans sa grande tradition
d'oeuvrer
pour la culture et l'épanouissement intellectuel de ses
téléspectateurs
nous avait offert une émission de grande qualité que je
ne pouvais pas
manquer : "Les 40 arnaques les plus incroyables".
Je regardais ce programme d'un oeil morne de vacancier
désoeuvré (ça
arrive à des gens très biens) quand mon esprit fut
soudain sorti de sa
torpeur par une accroche décisive : "Et maintenant voici une
arnaque
incroyable, meugla le gendre idéal, l'homme qui s'est fait
passer pour
un footballeur professionnel !" "Oh merde, me dis-je, un reportage sur
Mickael James !". Que nenni, le sujet parlait d'un autre homme (note :
écrire à Julien Courbet pour lui parler de Mickaël
James) armé
simplement de cassettes vidéos et d'un solide CV sur lequel on
le
voyait joueur à Barcelona (B bien sur puisque c'etait en 2e
division
mais dans le reportage ils se sont abstenu de le préciser), Real
Madrid
(meme remarque), mais également champion du Chili avec Colo-colo
et...
joueur en Islande! La mon subconscient ne fit qu'un tour et bombarda
mon esprit de réminiscences (oui je suis également expert
en
psychanalyse) : c'était surement Lui ! Je L'avais enfin
retrouvé ! Le
Messie de ma base de données, et voila que le vil Julien
blasphémait en
affirmant que ce joueur tant attendu n'était qu'un imposteur ?!
En effet, le reportage mettait en scène le président et
le coach du
club de Chantilly, DH. Ces deux personnes racontait penaudement
qu'elles avaient été assez couillonnes pour faire signer
un joueur
simplement après visionnage des cassettes vidéos "sur
lesquelles on ne
pouvait pas le reconnaitre, hormis lorsqu'il jonglait tout seul en gros
plan" et lecture du CV. Le contrat s'élevait à 5000 euros
par mois, ce
qui, nous sommes bien placés à Niort pour le savoir,
n'est quand même
pas rien, surtout pour un club de DH ! (Ca s'appelle un "contrat
fédéral" et je crois que chaque club à le droit
d'en faire signer 2
maximum dans son effectif).
Et vla-t-y pas que le premier match de leur nouvelle star est un match
de merde, ce qui, nous sommes bien placés à Niort pour le
savoir,
arrive. (Sebastian Cobelli si tu nous regardes...). Le deuxième
match
de notre homme est parait-il lui aussi digne des plus grosses buses de
la planete football, ce qui, nous sommes bien placés à
Niort...
(j'abrège, ceci dit quelqu'un a-t-il des nouvelles de Paolo
Santos
Gomes ?).
Le club de Chantilly jura, mais un peu tard, que l'on ne l'y prendrait
plus. Et comme il était en train de se faire fumer de 5000 euros
par
mois et ce pour toute la saison (99-2000) , le club rompit le contrat
unilatéralement après ces deux matchs et attaqua le
joueur en justice
pour arnaque. Sauf que... Le joueur gagna le procès ! c'est
ainsi et
sans plus d'explication que le reportage prenait fin (tout ça a
tenu en
environ 4 minutes, dont 3 minutes 50 charge pour le joueur dont le nom
ne fut jamais cité, et l'énoncé du verdict fut
annoncé très rapidement
sans présenter les arguments qui avaient donné raison au
joueur).
Décidé à tirer cette affaire au clair, je me suis
précipité sur google
à l'issue de l'émission. Avec la requête suivante
"footballeur
colo-colo islande", j'ai retrouvé la trace de Notre homme : il
s'appelle Claude Cauvy, il est aujourd'hui agent de joueurs et il a un
site web :
www.claudecauvy.com.
Alors ce Cauvy, joueur ou pas joueur ? Eh bien... joueur ! voici sa
carrière :
Formé au club d'Agde, il en a été joueur jusqu'en
90. Après, son site
montre des photos de lui dans l'effectif du FC Barcelone (D2
espagnole), CD Corralejo (D2 espagnole aussi) Colo colo (Chili, plus
grand club du Chili même. Sur son CV vu dans l'émission il
se titrait
champion du Chili 96, j'ai regardé le site officiel de Colo colo
(je ne
recule devant rien) et il n'apparait pas dans l'équipe
première
championne cette année là. Peut-être
était-il réserviste, en tout cas
un site non-officiel guingampais l'avait annoncé comme rumeur de
recrue
en 98, et je le prouve :
http://members.tripod.com/~menalo/EAG-9798/G98-New3.htm
). Il a aussi joué à Leon (Mexique, D1) et donc Throttur,
en Islande
avant de rejoindre Chantilly. Sa carrière de joueur semble donc
avérée,
et d'ailleurs il en parle à cette adresse :
http://www.claudecauvy.com/conferences_conference_4_.html
Un livre sur sa carrière est en cours (je veux dire : un autre
livre que celui que je suis en train de pondre)
L'émission de ce soir n'était apparemment pas sa
première embrouille
avec Julien Courbet, comme on peut le voir en bas de cette même
page :
"Les 7 pêchés capitaux: 10 ans de rêve, 1 nuit de
cauchemar..." ("Les 7
péchés capitaux", je le dis pour ceux qui n'ont pas eu la
chance
d'avoir des parents ménagères de moins de 50 ans au
cerveaux
disponibles, c'est une des émissions phares animées par
Julien Courbet).
Claude Cauvy est aussi un vrai agent de joueur, agréé
FIFA, et dont les
joueurs ont souvent connu des transferts "bizarres". La liste des ses
joueurs sous contrat est disponible ici :
http://www.transfermarkt.de/index.html?anz=/berater/spieler_des_beraters.php4?berater=788
Dans la liste on remarque notamment Kaba Diawara (2 clubs par saison),
Mickael Marsiglia (ou comment je me la coule douce à Marseille
depuis 4
ans sans avoir joué un seul match en L1), Rui Pataca (dont on
s'est
toujours demandé comment il avait aterri à
Créteil.. maintenant on
sait) et une floppée de ptits joueurs français autour de
21 ans partis
sur ses traces dans des clubs de seconde zone espagnole.
On peut lui reconnaitre le mérite de savoir trouver des portes
de
sortie "insolites" à des joueurs qui semblent barrés dans
les
championnats français. D'ailleurs si vous êtes comme moi
un maniaque
des transferts vous avez du remarquer que le club de Ferrol (D2
espagnole) gobait énormèment de joueurs français
en fin de contrat ou
en prêt ces dernières années. Qui était
derrière tout ces transferts ?
Et oui vous avez deviné : Claude Cauvy ! Et si je ne m'abuse, il
jouait
où l'ami Romain Ferrier l'an dernier ? Eeeeeeeeh oui ! Encore et
toujours Claude Cauvy ! C'est vrai qu'il y a de quoi écrire un
livre !
Alors revenons en à Julien Courbet : a la vue de tous ces
éléments, on
peut se faire une idée plus précise de ce qui s'est
passé à Chantilly.
Dépités d'avoir fait signer un "tocard", les dirigeants
de Chantilly
refuse d'admettre leur connerie congénitale qui les a
poussé à faire
signer un joueur les yeux fermés. Ils ont alors une idée
de génie :
attaquer le joueur en justice et pour mettre toutes les chances de son
coté appeler Julien Courbet et sa fine équipe et
présenter "l'homme qui
dribblait les geysers" (copyright Onze Mondial) comme un
imposteur, et
prétendre que son CV est entièrement faux. Preuve ultime
: "au cours de
son premier match, au lieu de prendre une balle de la tête, il
s'est
protégé le front avec les mains". Avec des arguments
comme celui la, on
ne s'étonne plus que le juge ait donné raison au joueur
qui de plus
avait apporté toutes les preuves de sa carrière
passée (on ne berne pas
un journaliste de Onze Mondial comme ça tout de même !).
Mais l'idée
était louable : si ça avait fonctionné, Julien
Courbet le défenseur des
petits opprimés face aux puissants aurait été
l'ultime secours de tout
ces pauvres présidents floués, et notamment du pauvre
petit Gervais
Martel à qui on a vendu la paire Bakari-Cousin comme un duo
d'attaque
surpuissant et pas comme ce qu'elle est vraiment : un kit de bricolage
astucieux composé d'une dévisseuse multi-positions et
d'un
marteau-piqueur.
L'honneur est enfin rendu à Claude Cauvy. Ma conclusion : Cauvy
champion ! Courbet salaud !
Merci de votre attention
Charlie Brown